à propos de CGM

Georges de La Tour. commons. wikimedia.org
G. de La Tour, commons.wikimedia.org

Dès les premières lueurs de ma mémoire consciente, il y a les livres. Les livres investis d’un pouvoir surnaturel. Est-ce parce que je viens au jour en terre inépuisable d’Haïti, en île insolée et insolente d’éducation magique qui torche le quotidien ingrat d’une main poétique ?

Toujours est-il qu’à six ans, je quitte le Nouveau Monde pour l’Ancien où habitent mes parents qui sont Français : l’un est pâle comme le creux de la main, l’autre, foncée comme le dos. J’atterris sur la berge européenne dans un plat pays qui paraîtrait petit s’il n’était inattendument déconcertant. Avec la traversée des eaux atlantiques débute une métamorphose imprévisible qui doit beaucoup à l’excédent de bagages de la langue française.

De cette découverte du plus rien n’est pareil, déroutant et même étrange comme la folie innommée de la mère bio, les livres ont été tantôt la faveur d’un fil d’Ariane infini, tantôt les extraordinaires jupes de Marianne sous lesquelles recouvrer la joie d’être déplacée, dérangée, émerveillée par les rencontres qui font dire : je ne savais pas qu’on pouvait parler, écrire, créer, aimer, bouger, réfléchir comme ça…

Au premier venu, je ne dis jamais : « tu n’es rien, tu ne peux rien », mais « tu contiens l’immensité… à toi de l’explorer sans relâche, intensément, à coups de bélier, de verges, de scandale… »

Marcel Moreau, L’Ivre livre, Christian Bourgois éditeur, Paris, 1973, p. 85 

Christophe-Géraldine Métral par Olivier Hennebert

J’ai créé le blog Les vagabonds sans trêves animée par cet étonnement heureux de nouer entre elles les questions esthétique, éthique, politique et écologique… Le nom Les vagabonds sans trêves est emprunté à un vers de Grotesques, un poème de Paul Verlaine. Il exprime le parti pris d’un imaginaire décloisonné et polyphonique à la recherche d’univers artistiques et philosophiques attentifs aux êtres en chair et en os, tendu vers d’autres points de vue, d’autres dialogues sur la condition humaine dont la richesse des possibles dépend du respect des créatures sensibles inséparables des territoires sur lesquels celles-ci se déploient et développent des formes singulières de coexistence considérable. Pourquoi ? Afin de dépasser les normes mutilatrices de la pensée individualiste, déborder des contraintes sociales, enjamber les frontières géographiques et mentales que maçonne l’iniquité, les formes brutales de violence, mais aussi la violence translucide intrinsèque à une modernité qu’habille la notion piège, illusoire, sournoise de progrès. Et surtout, surtout poétiser la générosité de ce défi : le souci du devenir de l’autre, du proche et du lointain où on devient.
Christophe-Géraldine Métral

L’humain n’a d’autre chemin que l’ouvert d’être en lien, Study of Dante holding the hand of Love de Dante Gabriel Rossetti, commons.wikimedia.org

Rejoignez sur Facebook Les vagabonds sans trêves
Suivre CGM et Les vagabonds sans trêves sur Twitter