C’est l’année du deux centième anniversaire de la naissance de Charlotte Brontë
Cher tout le monde, femmes, hommes et tant d’autres, les Anglais célèbrent en grande pompe l’anniversaire de la romancière et poétesse qui a écrit Jane Eyre : Charlotte Brontë dont la sœur Émilie est, tout de même, l’auteur du classique Les Hauts de Hurlement. Cette célébration me rappelle ma découverte du roman Jane Eyre.
Une rencontre aussi hasardeuse que décisive ! Cependant, dans le roman, c’est le mystérieux personnage de l’épouse folle de monsieur Rochester qui me permet, enfin, de déposer le mot de folie sur le comportement singulier de la mère bio. Il faudra des années pour que sa schizophrénie soit diagnostiquée par les médecins, et encore plus d’années pour qu’elle soit relativement acceptée par la famille. Cette réalité me rend-t-elle triste ? Loin d’éprouver de la honte ou quelque sentiment de malheur, je me dis « enfant de fou, enfant debout ». C’est à l’école de la folie qui j’ai appris la nécessité de dé-hiérarchiser la condition humaine.
Voici le récit que j’ai fait de la révélation de Jane Eyre dans un projet de roman intitulé Les fictions schizoriginelles :
Cependant, le petit frère qui aime m’aimer, apportant une chaude et sûre compagnie qui dédiabolise la maison parentale un peu sur une autre planète, il paraît, même sans aide adulte, évident à So-Mâ, le métonyme solidaire et surveillant, qu’il faut continuer à apprendre à ne pas haïr la bouche – dont les mots ont un couteau entre les dents – de la mère que les cadeaux des malades des hôpitaux disent excellente en aide-soignante, et par conséquent, être plus que jamais studieuse Géraldine qui, de vivre à l’ombre du doute, se fait une raison dans l’ivresse où, si depuis le déménagement, la mère, quel que soit son état, n’emmène plus au paradis de la bibliothèque communale, étant donné qu’il en va des livres de la chambre parentale comme de l’interdit des pieds sur le velours de Gênes : il suffit de ne pas se faire prendre, avec une impatiente patience, elle attend la latitude parents chats partis travailler, l’enfant souris s’élance vers les romans, seuls véritable forme de richesse et tentation irrésistible à mes yeux.
Dès lors, c’en est fini du merveilleux des sorts, baguette et fuseau magiques, et même de l’hypothèse fertile de la possession vaudou qui explique le corps de la mère présent, mais non son esprit emprisonné dans une bouteille ou un coffret maléfique. En attrapant, parmi les ouvrages défendus, La petite Fadette, voilà qu’emporte la découverte d’une petite sorcière haillonneuse héroïne des forêts au fond de la liberté desquelles sauvagesse signifie sagesse de s’occuper de son cadet et parvenir à se faire aimer. À la suite de Fadette, sur le bloc de feuilles de brouillon, le sylvestre s’étend à perte d’esprit et se croquent fruits et champignons des bois et chaumière comme un cauchemar délabré où s’abrite Andréa, la petite fille fuyant le couple cruel qui, à l’aéroport, l’a volée à ses vrais parents qu’il a tués.
Étant donné que les gros livres longs à grignoter, contrairement au chocolat dont un bâton comble la faim, plus on en lit, plus ça ouvre l’appétit et excite la pensée pillarde, bientôt, fait sortir du bois la trouvaille troublante, dans Jane Eyre, de la femme invisible, cloîtrée, n’existant que par ses hurlements de loup, et dont la famille est folle et, coïncidence perturbante, créole de la Jamaïque.
Peut-on utiliser, à propos de la mère aux cris écrasants, la formule « d’épouvantable secret » que prononce le châtelain ? Ces éléments font débat et évolution dans la tête sans charivari, au sens étymologique, So-Mâ, du calme les filles, veillant au grain, qui renvoie ce petit monde dans sa salle de jeux de société : le bloc de feuilles des brouillonnes prétentions de réconcilier damoiselle pauvre, riche noble et invisible épouse démente qui tour à tour succombent. Le catalogue des morts alors connues n’est pas grand, mais, sur papier, les exécutions, c’est ludique : chute d’une fenêtre ou d’un escalier ou d’un cheval ou d’un carrosse dans un ravin, fièvre inexpliquée et brutale, plante ou champignon vénéneux, noyade dans un puits ou les douves du château, morsure de serpent ou de chien, ébouillantage, refus de se nourrir comme dans Gaspard-mange-ta-soupe… Et même, dans la dernière version tragique et courte sur le modèle de l’effroyable histoire de Pauline et les allumettes, le trio trépasse avec le château incendié, quel malheur !
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