Grève
Je m’imagine ton sexe-pieuvre-et-mer-intérieure
fortifiée par son souffle mon impatience s’attardera
à découvrir l’angle idéal où jeter l’ancre
pour la justesse du geste et l’élan spontané
des réponses nourries au lait de la tendresse
Ce jour là immergé dans la fête le voyageur
à même une berge taquinera des rêves
aux frétillements de sardes
Claude C. Pierre
Et si on continuait à danser sur la musique de John Zorn, Besos de sangre (Baisers de sang).
Claude C. Pierre, poète et enseignant, est né en 1941 à Corail, en Haïti. Il a fait des études littéraires au Canada et a publié neuf recueils de poésies dans lesquels il témoigne d’une générosité sans faille. Son attention élégante à la condition humaine est portée par une qualité esthétique remarquable. Son œuvre dénote une maîtrise originale de la matière mot. Le style est lyrique et noble, polysémique et teinté d’ambivalences créatives, frappant et subtil. Attaché aux singularités mystérieuses d’Haïti, sa beauté contradictoire, son sens de la liberté et sa violence, ses convulsions politiques, ses rapports complexes avec l’Occident, Claude C. Pierre m’apparaît un poète surprenant !
Retrouvez son dossier sur le website d’Île en île avec sa bibliographie complète et des liens vidéos qui à ne pas en douter vous donneront envie de suivre sa belle plume inventive. L’annonce du décès du poète Claude C. Pierre le 24 juin 2017, au Canada, dans Le Nouvelliste, le plus ancien quotidien d’Haïti, fondé en 1898.
À travers ses mots, l’esprit du poète demeure avec nous. L’amour ne finit pas ! Comment ne pas le croire, ne pas le savoir, ne pas le sentir que Love doesn’t end, dans la délicatesse minimaliste de Michael Nyman, un compositeur, pianiste, librettiste et musicologue anglais célèbre pour ses magistrales musiques de film. Il a notamment collaboré avec les réalisateurs Peter Greenaway (Meurtre dans un jardin anglais en 1982), Neil Jordan (La Fin d’une liaison), Andrew Niccol (Bienvenue à Gattaca), et Jane Campion (La Leçon de piano), film pour lequel la réalisatrice néo-zélandaise a remporté, en 1993, la Palme d’Or. À ce jour, elle est la seule femme cinéaste de l’histoire du festival de Cannes à recevoir cette récompense.
Grève, la poésie de Claude C. Pierre fait partie du recueil intitulé Poésie haïtienne Anthologie de poésie haïtienne contemporaine, publié en 2015 chez Points (page 76)